Le déroulement du projet en lui-même

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'''Résumé.'''
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'''Le déroulement de l'action'''
  
Ce projet a validé une démarche, celle qui consiste à aller à la rencontre de personnes très pauvres, dans des contextes différents (Paris et Val d'Oise) avec un ordinateur connecté. Il a montré que ces personnes sont intéressées à l'informatique, à ses usages et sont prêtes à s'y former. Il a montré surtout que cette démarche, au-delà de l'outil, mais lié à sa présence, permet de recréer des liens sociaux, dans la mesure où le contexte le permet et les facteurs globaux ne les entravent pas.
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Le projet a visé des adultes ou des personnes ayant des préoccupations d'adultes<sup>[[#note1|1]]</sup> et a démarré officiellement en novembre 2004 en deux lieux connus des équipes du Mouvement où la misère est présente :
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- A Paris dans le 11ème arrondissement, au quartier de Belleville où plusieurs actions étaient régulièrement faites avec des personnes vivant dans la rue et existait un Espace Public Numérique géré par la Fédération des Centres Sociaux.
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- Dans le Val d’Oise, en plusieurs lieux dispersés vivent des familles très pauvres, soit en caravanes ou habitations précaires, soit en logements sociaux.
  
Par ailleurs, à travers les sites web créés et leur contenu, les contacts, partenariats, interventions et publications, il a contribué à renforcer un mouvement de prise en compte de cette population. La démarche « citoyenne » d'aller à la rencontre des personnes les plus pauvres, de les prendre en compte comme partenaires dans les projets progresse.
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Un premier temps a consisté, pour les volontaires chargés de l'action, à partir à la rencontre de personnes très pauvres sur leur lieu de vie en leur proposant de s'initier à l'informatique. Au travers d'activités diverses, de rencontres, se sont nouées des relations de confiance, prémices nécessaires à des actions à plus long terme.
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Dans le quartier de Belleville, il s'agissait d'aller à la rencontre des uns et des autres aux environs d'une bouche de métro où des membres d'ATD Quart Monde connaissaient déjà quelques personnes sans logement, puis progressivement dans d'autres lieux avec des personnes vivant à la rue. La rencontre se fait alors sur un trottoir ou sous un auvent, un porche s'il fait mauvais. Par la suite, la démarche d'aller à la rencontre des personnes s'est étendue à un café-rencontre tenu par l’association « Aux Captifs la Libération » (aux Halles, 1er Arr.), puis au Centre Emmanuel (11° Arr.)  et à un atelier « Peinture » cité Montmartre (2° arr).
  
Cette action a cependant des limites dues à l'exclusion elle-même dont font l'objet les personnes rencontrées et à leur situation d'extrême pauvreté, à la difficulté des partenariats, aux manques de contenus existant sur Internet susceptible d'intéresser ces personnes, au matériel et à la connectivité disponibles. Si l'engagement personnel des acteurs de ce projet a permis de lever, contourner ou atténuer une partie de ces difficultés, il n'a évidemment pu venir à bout des facteurs globaux et des variables contextuelles (chômage, situations de « sans droits », expulsions, manque de logements sociaux,...).
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Dans le Val d'Oise, des liens se sont développés sur les communes d'Herblay, Ermont, Conflans, Frépillon, Méry-sur-Oise et Pontoise. Selon les lieux, il s'agit de personnes, de familles isolées ou de groupes de familles plus ou moins importants, variant entre 10 et 40 personnes. A chaque fois, une ou deux personnes sont plus particulièrement intéressées dans ces groupes, mais servent aussi de relais, introduisent à d'autres. Dans les familles, c'est souvent l'homme, le mari qui commence à s'intéresser à ce sujet mais après un certain temps, les volontaires ont pu aussi impliquer des femmes, des mères.
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Plutôt que d'imposer un shéma de formation et vu l'importance de comprendre ce qui faisait sens pour les personnes rencontrées, nous avons plutôt suivi les demandes des uns et des autres. Au départ, nous n'avions pas de connection Internet (pendant 4 mois). Nous avons commencé par une initiation à l'informatique et une approche par quelques CD « ludo-éducatifs » (code de la route, apprentissage de langues, découverte culturelle ou encyclopédique,...) ou parties de sites web enregistrés. Puis, le fait de pouvoir se connecter sur Internet a véritablement transformé les choses. Les demandes ont été diverses : lecture de journaux, recherche de logement, d'emploi, de lieux de vacances, de spectacles et diverses informations, démarches administratives, essais de TV numérique, d'échanges par mail ou par la voix, musique,... Dans certains lieux, ce qui a véritablement accroché, ce sont les photos (prendre et imprimer sur place des photos numériques), dans d'autres, chemin faisait, ce fut des compte-rendus de réunions.
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Dans la seconde période, nous avons poursuivi les liens engagés en 2005 avec des personnes, isolées ou en groupe dans les différents lieux (Paris 19° et 1° arrondissement, Val d'Oise) et développé l'aspect "expression", sur le site du projet comme sur d'autres (Journée mondiale du refus de la misère du 17 octobre). Des collaborations se sont nouées avec d'autres associations et ont donné lieu à des temps d'atelier commun, dans le Val d'Oise : à Saint-Ouen L'Aumône (dans un projet multi-culturel du quartier de Chennevières), à Sartrouville (Cité des Indes) par une participation à un temps fort culturel et des liens avec un théatre ayant des projets de receuils de la mémoire des habitants, à Méry-sur-Oise dans un processus de concertation autour de la situation de familles Rroms à propos d'expulsion, sur Paris par des liens le Centre social de Belleville, avec les Universités Populaires (Belleville et Les Halles), et par la participation de personnes fréquentant le café-rencontre au projet de bagagerie (« Mains Libres<sup>[[#note2|2]]</sup> »)  menée par l'association "Accomplir<sup>[[#note3|3]]</sup>" en lien avec d'autres organismes.
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Le fait de toucher d'autres milieux sociaux (populations maghrébines en cité de banlieue, des salariés pauvres) a confirmé les résultats acquis précédemment.
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Nous avons également complété notre approche individuelle (rencontre de personnes ou familles isolées,de  quelques personnes dans un camp) par des « formations » collectives<sup>[[#note4|4]]</sup> plus proches de celle fournies dans des télécentres. Les groupes participant à ces initiations étaient des personnes très pauvres et des personnes d'autres milieux connaissant et souvent engagées avec les premières. Cette 'mixité' préexistante a permis de donner un aspect très ludique à ces formations, dédramatisant l'outil et les usages, permettant ainsi une meilleure progression et une plus grande efficacité. Ces initiations ont donné lieu à la mise en place d'une salle informatique (3 postes fixes et 2 portables) à destination de formations et d'usage en libre service accompagné pour les personnes en grande précarité fréquentant la Maison Quart Monde d'Ermont.
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Nous avons enfin organisé trois séminaires de recherche où les différents acteurs ont mis en commun ce qu'ils ont appris : 15-17 juin 2005 : Séminaire Internet de rue à Méry-sur-Oise, ATD Quart Monde (8 participants, dont 4 des réseaux brestois), 25-27 octobre 2005, Séminaire 'Solidarités numériques' à Brest, co-organisé par l'ENST (30 participants), 3-7 juillet 2006, Séminaire Internet de rue à Méry sur Oise, ATD Quart Monde (8 participants). En outre, les différents acteurs de ce projet se sont rencontrés mensuellement la première année et régulièrement la seconde (avec plus de lien par messagerie électronique).
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'''La partie technique (postes de travail)'''
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Trois postes de travail ont été mis sur pied. Ils comportent chacun : un ordinateur portable (Pentium III, Windows XP, logiciels de bureautique, de navigation et messagerie, de retouche photo, antivirus), une imprimante portable (sur batterie), un appareil photo numérique, une carte 'Business Everywhere' d'Orange permettant un accès Wifi ou 3G/EDGE ainsi que la connectique et les accessoires nécessaires.
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Ces trois postes de travail ont dû être remplacés chacun au moins une fois (dégradation du matériel, problèmes logiciels). L'absence de lecteur de DVD et de graveur a limité une part de l'action. L'utilisation du Wifi a été exceptionnelle : les seuls réseaux accessibles étant payants et d'autre part la dégradation des réseaux GPRS / 3G / EDGE suite au lancement du 3G en région parisienne a limité fortement les possibilités de connection dans les 12 derniers mois.Il avait été prévu au départ de doubler les batteries afin de pouvoir effectuer des séances plus longues, mais le coût d'une batterie supplémentaire apparaissait trop élevé eu égard aux services rendus.
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Par contre, au fil de l'action, ces postes ont été complétés ou relayés par du travail sur des stations fixes munies d'ADSL filiaire, d'un scanner et de graveurs afin de pouvoir répondre aux demandes des familles.
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<span id="note1"> 1 </span> Le Mouvement ATD Quart Monde a, par ailleurs, une expérience d'une vingtaine d'année d'actions liées à l'informatique avec les enfants.
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<span id="note2"> 2 </span> http://www.mainslibres.asso.fr/ (26/01/2007)
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<span id="note3"> 3 </span> Pour le quartier des Halles : [http://www.accomplir.asso.fr/dossiers/dossiers.php?PHPSESSID=8b4b20d38da0592ae5eb10f6ecfb223d#renovation  Renovation des Halles] (26/01/2007)
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<span id="note4"> 4 </span> dénommées « initiations » pour les distinguer de réelles formations dispensées dans des espaces publics auquels certains ont participé

Version du 12 février 2007 à 10:42

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