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Notre façon de faire (méthodologie)
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==Aller à la rencontre des plus pauvres avec un ordinateur== ''Éléments méthodologiques de notre action.'' Dans le projet « Internet de rue », la façon dont nous nous y sommes pris repose sur l'expérience du Mouvement ATD Quart Monde et se rapproche très fortement de la méthodologie du [http://www.atd-quartmonde.be/Le-projet-Art-et-Familles.html projet Art et Familles], porté par la Maison des Savoirs de Bruxelles. '''Prolonger des liens existants.''' Dans les deux départements où s'est déroulée l'action, nous avons été introduits par d'autres personnes (équipe ATD Quart Monde, personnes engagées). Ce fut un choix étant donné la brièveté du projet (2 ans) et la nécessité d'aboutir à des résultats (contrat de recherche-action). C'était aussi un espoir de permettre à ces personnes, isolées y compris de l'action du mouvement ATD Quart Monde en général, de renouer des liens avec d'autres. Beaucoup ont ressenti l’arrivée d'un volontaire ATD Quart Monde avec son ordinateur comme une marque de confiance et de reconnaissance. « Eux aussi , peuvent découvrir Internet dont ils ont tous entendu parler. C’est un bon sujet d’introduction pour la personne qui vient les voir. '''Aller rencontrer d'autres''' Prolonger les liens existants, c'est aussi proposer à ces personnes, ces familles rencontrées de nous mettre en lien avec d'autres. C'est ce qu'a fait R., un militant Quart Monde, qui a soutenu toute une année une des volontaires qui rencontre des personnes dans la rue. C'est ce qu'a fait D. qui a invité sa voisine à participer à une séance autour de l'ordinateur. '''S'être préparé sur le plan technique.''' Le matériel que nous avons utilisé est du matériel que l'on trouve dans le commerce : ordinateur et imprimantes portables (fonctionnant aussi bien sur batterie que sur secteur), accès sans fil à Internet (carte payante 3G), appareil photo numérique... Une partie de ce matériel a été obtenue par des dons. Les abonnements ont été négociés. Comme dans toute animation, il importe de vérifier à chaque fois l'état de son matériel et d'avoir essayé soi-même les logiciels, CD ou DVD que l'on emporte. Nous avons aussi « appris en même temps que les personnes que nous rencontrions ». Au fil des rencontres, les uns et les autres nous ont demandé des usages auquels nous n'étions pas forcément préparés : extraction de photos d'un appareil dont nous n'avions pas le pilote, transfert de musique vers divers modèles de lecteurs MP3, gravure sur CD, réparation d'appareils divers, reproduction de vieilles photos, réception de télévision numérique, communication par la voix, utilisation de diverses messageries instantanées,...<br> Certaines fois nous avons cherché ensemble. D'autres fois, nous avons fait appel à des relations pour pouvoir répondre aux demandes. '''Créer la confiance''' Toute relation demande un temps « pour faire connaissance », plus ou moins long selon les milieux sociaux, l'histoire... Ici, la présence de l'ordinateur favorise -et quelque fois raccourcit- ce temps de prise de contact. Il est en quelque sorte ce « terrain neutre » qui permet à deux personnes d'histoires différentes de commencer la rencontre. La rigueur dans les rendez-vous et les promesses faites, la régularité dans les visites est un élément important pour nouer la confiance : « ''lui, c'est un ami, il vient toujours nous voir'' ». C'est aussi un élément structurant de la relation.<br> De même, nous avons aussi laissé ces personnes avoir prise sur nous en leur parlant spontanément de nous, de notre engagement, de notre famille ou de nos centres d'intérêts.<br> Face aux situations de très grand dénuement, nous nous sommes présentés comme des personnes qui venaient partager ce qu'elles savaient et faire découvrir des outils d'aujourdhui. Les liens tout simplement humains comme rendre visite à une personne hospitalisée et en rendre compte au groupe sont aussi très importants. '''Aller au rythme des personnes''' Chez certaines personnes, le sentiment de n’être pas au niveau pour apprendre à utiliser les ordinateurs est parfois fort : « ''Ce n’est pas mon truc, je suis un manue''l ». Pour d'autres, les premiers contacts sont effectivement difficiles : problème de vue, difficulté de manier la souris (« ta souris, elle est top nerveuse »), difficulté de comprendre l'exercice proposé. Parfois même certains, pour 'être comme tout le monde' ont caché plusieurs séances durant des handicaps, des difficultés qui les empêchaient de manier la souris, de lire des instructions (« je n'ai pas mes lunettes »),... Il est vraiment important, quand l'animateur relève une difficulté, de s'adapter au plus vite (dès la séance suivante) : trackball, loupe, ralentissement de la vitesse de la souris, ou de proposer directement des logiciels plus proches des préoccupations ou plus adaptés : code de la route, jeux simples, CD interactifs de découverte (animaux, arts,...).<br> L'ordinateur n'a pas encore comme le livre, pour certains adultes, le parfum de l'échec à l'école. Il représente encore la modernité, la technicité, le savoir (« ''Je suis comme un ingénieur'' » - « ''Je rentre dans le droit chemin : je fais de l'ordinateur'' »). En rencontrant des adultes dans leur milieu de vie, c'est nous qui entrons dans leur vie privée. Il nous faut faire place à leurs soucis, leurs préoccupations du moment. C'est ainsi qu'il est arrivé que nous n'ouvrions pas du tout l'ordinateur le temps d'une rencontre. Pour des personnes vivant dans la rue, y faire « de l'ordinateur » peut être difficile : le regard des passants, de l'environnement peut devenir trop lourd à vivre. Il faut alors trouver un moyen de 'sortir de la rue'. « ''Je voudrais mettre mes enfants à l'école'' ». « ''Ils vont nous expulser'' ». « ''Ma mère est malade'' ». « ''Je cherche un logemen''t ». « ''Ma fille rêve de jouer du piano'' ». Toutes les préoccupations de ces personnes, de ces familles ne se règlent pas par Internet... Loin de là. Dans la mesure du possible, nous avons renvoyé vers d'autres personnes que nous connaissions pour que ces préoccupations trouvent un écho. '''De l'individuel au collectif : briser l'isolement.''' Toute l'expérience du mouvement ATD Quart Monde, c'est que de la grande misère personne ne peut se sortir seul. Aussi, dès le départ, nous avons été attentifs à tout ce qui pouvait permettre de créer des liens avec d'autres dans l'espoir de déboucher sur des actions collectives. Les problèmes de connection ont été l'occasion, surtout au début, d'aller vers des espaces publics numériques.<br> La rencontre des personnes sur leur lieu de vie est une premièr étape. Mais il est vrai que si certaines désirent aller plus loin, par exemple se former, il est préférable de rejoindre un groupe dans un local. « ''Au début, les B. m'amenaient systématiquement dans leur caravane, qu'ils fermaient. Sans doute était-ce une façon de me protéger et d'éviter des vols. Mais c'était aussi 'pour que l'ordinateur soit à eux'. Dès que j'ai pu, j'ai cherché à sortir, m'installant sur une chaise, l'ordinateur ouvert à la vue de tous. Mais c'est la photo qui a vraiment permis que tous se rassemblent.'' » Les événements associatifs, culturels ou militants ont été l'occasion de sortir, de voir d'autres choses et d'autres personnes, tout en s'appuyant sur Internet pour la préparation. Quand on commence une relation, la dynamique de celle-ci peut conduire dans des directions imprévisibles. Par exemple la prise de conscience de l’hostilité du quartier conduit à proposer des actions pour que personnes vivant à la rue et personnes vivant dans un logement du quartier puissent se côtoyer dans des actions communes (participation à une brocante, séance de formation ouverte aux deux groupes…). Avec des personnes moins isolées, plus ancrées dans des liens collectifs, nous avons pu passer à des 'ateliers d'initiation', transition entre des temps de découverte individuels et de véritables formations dans des espaces publics. Le groupe a volontairement été constitué de personnes de milieux différents. L'ambiance et la mise en oeuvre de ces ateliers, qui se déroulaient dans un lieu connu, ont été déterminants : choix des horaires, accueil avec des boissons chaudes et échange de nouvelles, explication du déroulement des séances, travaux « collectifs » autour d'un même processus d'apprentissage (le copier-coller, les mises mêmes types de mise en forme d'un texte, l'utilisation en groupe de messagerie instantanée, ...), et bilan final.<br> Suite à ces temps d'ateliers, plusieurs personnes se sont équipées d'abord de matériel puis de connections. '''Participer, contribuer à la 'Société de l'information', à la 'Société tout court'''' Au fil des rencontres et des occasions, nous avons proposé à divers participants un « atelier d'écriture » sur un Internet : le site « carnet d'expression ». Dans certains cas, il s'agissait de faire un reportage d'un événement vécu en commun (sortie, fête, vacances...). A d'autres comment, des personnes ont tenu à témoigner : lors de l'incendie d'un hôtel meublé, lors des violences urbaines, témoigner du lieu où l'ont vit, du chômage, de la vie à la rue... Certains, sur ce site ou d'autres partagent leur passion : poésie, peinture... D'autres, à l'occasion de la journée mondiale du refus de la misère, rédigent un message de soutien. Pour des personnes militantes depuis longtemps, la maîtrise d'un l'ordinateur connecté, c'est aussi la possibilité de mieux participer (par l'échange de documents, par des apports dans des groupes de réflexion, par des courriers amicaux) à toute une vie associative. C'est réagir à une loi, à l'actualité, transmettre une contribution collective, faire mémoire d'événements, de luttes...
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